samedi 6 septembre 2014

La vie volée de Jun Do, Adam Johnson

[Rentrée littéraire 2014]

Jun do, un quasi-orphelin Nord Coréen, exécute sans ciller tous les ordres qui lui sont donnés, c'est un citoyen patriotique œuvrant pour son pays, la « nation la plus démocratique du monde ».
Cependant, lors d'une mission d'espionnage en mer, il fait preuve de bravoure et est récompensé, son statut passe ainsi de simple citoyen à celui de « héros de la patrie ». Suite à cela il est affilié à une équipe qui aura pour mission d'aller au Texas afin de préparer la séance de pourparler entre la Corée du Nord et les États-Unis. Jun Do rencontrera le sénateur, il découvrira un monde très différent, une nouvelle définition de la liberté. 
A son retour il est envoyé en prison et aux travaux forcés, pour s'en sortir il usurpe l'identité d'un puissant personnage, un homme détenant la ceinture dorée de takwaendo et qui épousa Sun Moon, l'actrice nationale. Ne pouvant sortir de son rôle il sera présenté au Cher Dirigeant Kim Jong-Il en personne, et fera la connaissance de la magnifique Sun Moon.
Ce roman est à la fois une fenêtre ouverte sur la Corée du Nord, nation emprisonnée par une politique absurde et cruelle, véritable énigme pour le reste du monde. Ainsi qu'une histoire d'amour douce-amère, Jun do tombera amoureux de Sun Moon et tentera de lui décrocher la lune.
La vie volée de Jun Do mérite indéniablement le prix Pulitzer à bien des égards. Adam Johnson a réalisé un véritable travail de journaliste, c'est réellement un livre que je ne pouvais plus lâcher tant il est obsédant, la curiosité est piquée à vif et l'écriture est parfaite.

Le meilleur livre de la rentrée littéraire 2014 !

Un petit extrait: "Wanda se tourna vers Jun Do. "Vous sentez-vous libre ?" Elle inclina légèrement la tête. "Savez-vous ce qu'on ressent quand on est libre ?"
Comment lui expliquer son pays natal, se dit-il. Comment lui expliquer que sortir de ses limites en partant naviguer sur la mer orientale... c'était cela, être libre. Ou bien que, à l'époque de son enfance, s'échapper de la fonderie l'espace d'une heure pour aller courir avec d'autres gamins au milieu des crassiers, malgré l'omniprésence des gardes... c'était la plus parfaite des libertés. Comment faire comprendre à quelqu'un que l'eau bouillante qu'on verse sur le riz caramélisé au fond de la casserole était un bien meilleur breuvage que toutes les limonades du Texas ?
" Est-ce qu'il y a des camps de travail ici ? dit-il.
- Non.
- Des mariages forcés, des sessions d'autocritique imposées, des hauts-parleurs ?"
Wanda secoua la tête.
"Alors je ne suis pas sûr de pouvoir me sentir libre, conclut il."

Céline
L'Olivier, 24 euros

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